Si vous me lisez quelquefois, vous savez forcément que j'apprécie particulièrement les thrillers, surtout ceux qui parviennent à maintenir un suspense aussi épais que du fluff vanille congelé, et tiennent en haleine jusqu'au dénouement (une vraie Dark Vador de la brume des ténèbres). En cette période de confinement dans le blizzard, je vous propose donc d'évoquer les films thrillers français qui m'ont fait frissonner : on va discuter d'une maison de campagne délabrée, d'un pensionnat pour garçons, de faux-semblants et du ténébreux Henri-Georges Clouzot. En parlant de ce dernier, saviez-vous qu'il avait été atteint de tuberculose et dû être confiné pendant 4 ans dans un sanatorium en Suisse ? Euh voui d'accord, on arrête de converser de confinement et de maladies respiratoires : c'est parti pour la liste de mes 5 thrillers français préférés !
Harry, un ami qui vous veut du bien
Réalisation Dominik Moll - Sortie : 2000
Avec : Mathilde Seigner, Laurent Lucas, Sophie Guillemin, Sergi Lopez
Petit résumé :
Michel, ainsi que Claire, son épouse, et leurs trois filles partent en vacances dans leur maison du Massif Central. En chemin, sur une aire d'autoroute, Michel est abordé par un ancien camarade de lycée, Harry, dont il ne se souvient pas du tout. Grâce à son caractère enjoué, Harry parvient à se faire inviter chez son ami en compagnie de sa jolie fiancée Prune. Bientôt, son comportement va devenir de plus en plus étrange...
Je l'aime parce que :
- Laurent Lucas et Sergi Lopez sont juste parfaits dans leur rôle respectif (Lopez est né pour incarner un sociopathe raffiné).
- Il se dégage du film une sorte de retenue ou de distance qui lui octroie un climat de froideur et d'étrangeté générale, un peu DavidLynchien !
Lemming
Réalisation : encore Dominik Moll - Sortie : 2005
Avec : Charlotte Gainsbourg, Laurent Lucas, charlotte Rampling
Petit résumé :
Alain est un brillant ingénieur en domotique. Il vient de s'installer dans un quartier de la périphérie de Toulouse, avec son épouse Bénedicte, et tout deux entretiennent une relation épanouissante. Un soir, le jeune couple reçoit à dîner le nouveau patron d'Alain et son épouse. Rapidement, la soirée est interrompue par le comportement étrange de cette dernière. Au milieu de la nuit, Alain, ne parvenant pas à dormir, décide de déboucher la canalisation de l'évier - Bénedicte lui ayant signalé ce problème dans la journée - pour y trouver avec stupeur un petit animal qui ressemble à un rongeur. Après cette étrange découverte, la vie bien rangée du jeune couple va complètement basculer dans l'irrationnel et le fantastique...
Je l'aime parce que :
On retrouve toujours cette distance froide propre au style Dominik Moll qui donne le (non) rythme du film ! Et puis, je suis fan du jeu de Charlotte Gainsbourg et Laurent Lucas qui sont si convaincants qu'ils pourraient être nos gentils petits voisins de palier. Sans doute que cela rattrape l'impression d'intrigue de téléfilm américain du genre fabriqué au kilomètre de pellicule : pas mal de scènes nocturnes, le personnage avance très lentement d'un air terrorisé, la caméra s'approche de lui style tatata, et paf, le grand n'importe quoi se passe.
C'est bien joli tout ce bronx, mais quel est le rapport avec un lemming alors ? Personnellement, avant ce film, je croyais que les lemmings se suicidaient en masse dans l'océan, après, j'ai su qu'ils étaient juste assez stupides pour ne pas savoir qu'ils allaient se noyer. Je suppose que Dominik Moll associe ses acteurs à des rongeurs. Un truc dans ce style !
Un Balcon sur la Mer
Date de sortie : 2010 - Réalisation : Nicole Garcia
Avec : Marie-Josée Croze, Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain
Petit résumé :
Marc, la quarantaine, marié, père de famille, vit une vie confortable d'agent immobilier à Aix-en-Provence. Alors qu'il fait visiter une maison, il aperçoit une femme qui le trouble beaucoup et dont le visage lui semble familier. Plus tard, en y réfléchissant, il comprend qu'il ne peut s'agir que de Cathy. Elle fut son amour d'enfance, et il ne l'avait plus vu depuis l'âge de 12 ans, quand il avait dû fuir Oran dans les années 60, en pleine guerre d'Algérie. Après une nuit d'amour, la jeune femme disparaît et au fil des jours, un doute s'empare de Marc : Cathy est-elle vraiment celle qu'elle prétend être, son premier amour ?
Je l'aime parce que :
C'est un film élégant qui bénéficie d'une jolie photographie (les images des rues désertes d'Oran sont supra réussies), ce qui amène un climat profond et poétique, donnant tout son charme à ce film. Climat renforcé par le jeu des acteurs, Marie-Josée Crozon et Jean Dujardin, tout aussi jolis et poétiques qu'un alexandrin de Verlaine !
Date de sortie : 1955 - Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Avec : Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul Meurisse
Petit résumé :
Nicole, institutrice, est la maîtresse de Michel Delasalle, le directeur d'un pensionnat de garçons à Saint-Cloud. Ce dernier est un individu autoritaire et cruel, qui a pour habitude de harceler moralement Christina, son épouse, cardiaque et de santé fragile. Il n'est pas non le plus doux des amants pour Nicole, si bien que les deux femmes sont devenues amies. Bientôt, elles décident de se débarrasser de Michel en le droguant, puis en le noyant. Pourtant quelques temps après, le cadavre disparaît et il se produit d'étranges phénomènes...
Je l'aime parce que :
En étant honnête, j'ai du me pincer une bonne centaine de fois avant d'avoir le courage de le regarder. Déjà un film en noir et blanc, steu plait, non. Et puis Simone Signoret et Paul Meurisse, ça ne vend pas du rêve. Mais le jour du visionnage de ce film (euh, il y a très très TRES longtemps), j'ai décidé de ne plus reculer devant aucun coucou en noir et blanc et même de me faire la filmo intégrale de Clouzot (d'ailleurs, le film suivant est encore de lui et c'est encore l'un de mes préférés !).
Le Corbeau
Date de sortie : 1943 - Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Avec : Pierre Fresnay, Ginette Leclerc, Héléna Manson
Petit résumé :
Le docteur Germain, médecin d'hôpital dans une ville de province, commence à recevoir des lettres anonymes. Celles-ci sont toutes signées le Corbeau, et l'accusent de pratiquer des avortements. D'autres lettres suivent, affirmant qu'il est l'amant de Laura Vorzet, la femme du psychiatre de l'hôpital. Puis, le Corbeau se met à assaillir toute la ville de ses lettres.
Je l'aime parce que :
Henri-Georges Clouzot jetait un regard particulièrement sombre sur la société, ce qui faisait de lui un monsieur extrêmement audacieux : la bienséance, ce n'était pas du tout son truc. A l'époque de l'occupation, l'état d'esprit général tournait autour des mots suspicion - dénonciation - paranoïa. Personne n'avait très envie qu'on lui pose un miroir prénommé Henri-Georges Clouzot devant les yeux !
Et vous, vous aimez quel thriller en particulier ?
Je vous quitte en pensant au film Les Diaboliques et à Johnny Halliday, qui alors âgé de 12 ans, effectuait sa première performance d'acteur et faisait partie des collégiens sur les bancs du sinistre pensionnat de Saint-Cloud. Imaginez la tête de l'instit s'il y avait aussi eu Michel Sardou et Dick Rivers aux premiers rangs !
